FRANCE – UNE DÉPUTÉE LREM CRITIQUE LES MUSULMANS POUR PROMOUVOIR SES PROPRES OPINIONS À CARACTÈRE HOMOPHOBE
Cet article s’inscrit dans le suivi de la veille médiatique du mois du novembre : un éclairage mensuel des faits les plus marquants issus de la veille des médias traditionnels et des nouveaux médias en Allemagne, en France, en Grèce, en Hongrie et au Royaume-Uni.
Date de publication: 18 janvier 2019
Média: Valeurs Actuelles
Auteur(e)s: Agnès Thill, La République En Marche (LREM, députée à l’Assemblée Nationale. Bastien Lejeune, journaliste de Valeurs Actuelles.
Lien: https://bit.ly/2Ctfki3
Titre: “PMA et écoles coraniques : la polémique Agnès Thill, symptôme du sectarisme progressiste”
Description du contenu antimusulman: Lors d’un débat à l’Assemblée Nationale, la députée LREM (La République En Marche), Agnès Thill a présenté une note pour exprimer son opposition au projet de loi sur la procréation médicale assistée (PMA). A propos de l’introduction du mot « parent » à la place des mots « mère » et « père », elle écrit que cette « absence de genre » favoriserait « l’éclosion d’écoles coraniques et le départ de nos élèves vers celles-ci ». Elle s’explique : « Nos amis musulmans, que nous savons opposés à cet éloignement progressif des concepts de père-mère, homme-femme […] vivent en créant un monde parallèle dans la République, où les choses sont comme ils veulent », affirme-t-elle. « Il n’y a pas, chez nos amis musulmans, de parent 1 et de parent 2 ». Selon Agnès Thill, la mise en place légale de la PMA aurait pour conséquences que « si on entre dans ces écoles enfants modérés, on en ressort adolescents moins modérés ».
Dans cet article, le magazine très conservateur Valeurs Actuelles ne critique pas les propos homophobes et antimusulmans de la députée. En revanche, il note simplement à quel point il est inhabituel pour un(e) député(e) LREM d’exprimer ce type de position. Cette controverse autour d’Agnès Thill est présentée comme « un nouvel exemple des difficultés de la majorité à tolérer les opinions divergentes, et un mauvais signal alors que s'ouvre un grand débat prétendument sans tabou ». Le journaliste rajoute : « Le crime d’Agnès Thill ? Être la seule, dans son groupe parlementaire, à défendre l’idée d’un véritable débat sur le sujet de la PMA ». En novembre dernier, Agnès Thill avait déjà été sous le feu des critiques, y compris venant de son propre parti politique, pour avoir parlé du « puissant lobby LGBT » qui était en train d’influencer le débat sur la PMA. Dans une interview vidéo datant de fin janvier, elle a également comparé « la souffrance des femmes seules » qui veulent la PMA à celle de « drogués » : « Quel argument on me met là ? Est-ce que la médecine a vocation à répondre à une envie ? Un enfant n'est pas un médicament, c'est un être humain. J'entends bien qu'elles souffrent, mais alors qu'est-ce qu'on fait ? Si un drogué souffre on lui donne de la drogue ? (...) Vous vous rendez compte ? (L'argument revient à dire) 'elle souffre, elle veut un enfant pour ne plus souffrir'. »
Debunking: En communiquant autour de son opposition à cette loi, Agnès Thill propose une vision binaire des genres, qualifiable d’intolérante et qui ne fonctionne qu’avec les familles hétéroparentales. En même temps, elle instrumentalise ce point de vue pour accuser les français musulmans d’être homophobes du fait de leur prétendu modèle traditionnel de la famille. Pour la députée, en cherchant à effacer la dichotomie mère-père et femme-homme, l’Etat incite les musulmans à se tourner vers des écoles communautaires, qui, selon elle, entrainent la radicalisation des enfants. En affirmant cela, elle insinue qu’écoles islamiques et fondamentalisme islamique sont corrélés. En insistant sur les conséquences de cette loi sur les communautés musulmanes, Agnès Thill leur attribue ses propres opinions à caractère homophobes, tout en les instrumentalisant comme la raison de son opposition à ce projet de loi.